A Massat, à Ercé, à Aulus, à Bethmale, à Saurat…le mariage mobilisait garçons et fille en des rites complexes et respectés. Les jeunes gens transportaient la veille trousseau et armoire chez le fiancé ; le soir, les jeunes filles cachaient la fiancée ; en chansons les garçons demandaient à entrer, en chansons toujours on refusait, on hésitait, puis on ouvrait la porte, on recherchait l’héroïne et quand on l’avait trouvée, on dansait. Le jour des noces était marqué par les rites de la séparation d’avec les parents (la mariée pleurait), par ceux d’acceptation par la communauté (des coups de fusil), puis par la nouvelle famille (offrande de pain et de vin par la belle-mère) et à nouveau on dansait.

Le mariage était un acte essentiel au maintien de la cohésion familiale au sein de la communauté pyrénéenne. La coutume privilégiait un héritier désigné par le père et dont le mariage était accompagné du règlement de la succession. D’où une stratégie très étudiée, avec une forte endogamie géographique et sociale et un grand souci de la dot (suffisante pour dédommager les frères et sœurs mais pas trop supérieure au niveau de la « maison » pour ne pas déséquilibrer les rapports à l’intérieur). Il était souvent arrangé par des « marieurs », toujours de toutes façons selon la volonté du père, ce qui ne signifiait pas forcément contrainte. Il y avait généralement similitude de vues et choix laissé au sein d’un milieu « convenu ». Toute contravention aux normes était d’ailleurs sanctionnée par la « jeunesse » en de redoutable et redoutés charivaris. La subordination de l’individu à l’intérêt commun entraînait un fort taux de célibat (quand on avait besoin de bras, les cadets ne pouvaient s’éloigner) et se répercutait sur les naissances : les familles moyennes les limitaient pour ne pas avoir à partager, les plus pauvres au contraire avaient les enfants nécessaires à la culture d’un terroir déshérité.